Patrimoine religieux
Eglise St Hiltrude
L'église St Jean et Ste Hiltrude de Liessies est du XVIème siècle.
La façade comporte deux tours qui font corps avec elle, comme dans certaines églises fortifiées de Thiérache. Il faut toujours se rappeler que les guerres étaient nombreuses en Hainaut, et que les habitants des villages se réfugiaient dans les églises pour se mettre à l'abri, quand des bandes armées étaient signalées. Par leurs meurtrières, les deux tours de la façade permettaient aussi de défendre l'entrée de l'abbaye...
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Au portail, une statue du Vénérable Louis de Blois, abbé de Liessies, avec la devise des moines : Servite Domino in Laetitia. On remarquera que l'église ne possède qu'un tout petit clocher. Les moines n'eussent pas toléré que l'église du village eût un clocher plus élevé que celui de leur orgueilleuse abbatiale.
L'église est bâtie contre le monastère, comme pour implorer sa protection. Tout autour se trouvait le cimetière. On y a inhumé au siècle dernier les restes de corps qui ont été retrouvés dans l'enclos de l'abbaye, protégés par des cercueils de plomb. On croit que ce sont les restes de Wédric le Barbu, de Thierry, et de sa femme Ade, dont les tresses de cheveux étaient admirablement conservées. Le promeneur qui traverse l'emplacement du cimetière foule ainsi les cendres des premiers seigneurs d'Avesnes. Un calvaire est adossé au chevet de l'église. Il est du XVIème.
A l'intérieur se trouve une croix byzantine. Selon la tradition, cette croix aurait été rapportée par un moine qui avait suivi la seconde croisade. Elle est en cuivre doré, ornée de pierres précieuses et d'émaux champlevés, et paraît être du milieu du Xlle siècle : elle est d'une valeur inestimable. On y voit figurer, outre les quatre évangélistes représentés par leurs animaux symboliques, des citations de l'écriture qui servent de preuve à l'histoire du Christ. Les savants ont disserté longuement sur cette oeuvre. D'après eux, la croix aurait été faite sur les ordres de Suger, abbé de Saint-Denis, qui gouverna la France en l'absence du roi parti pour la croisade.Les artistes qui l'ont façonnée auraient été des orfèvres lotharingiens : ils auraient travaillé au nombre de 7 pendant 2 ans. Si elle ne provient pas des croisades, il est cependant hors de doute qu'elle a subi l'influence byzantine. Les Empereurs d'Allemagne et les émailleurs lotharingiens avaient des rapports étroits avec Constantinople : et cela expliquerait le style qui fut donné à cette croix commandée par Suger. La croix n'a plus son support, qui était tout aussi remarquable, et qui, croit-on, se trouve aujourd'hui au Musée de Saint-Omer. Elle est le souvenir le plus précieux que conserve l'église de Liessies
De chaque côté du choeur, deux bustes de marbre : sainte Hiltrude couronnée de roses et Gontrad, son frère. Dans l'abbatiale édifiée par l'abbé Antoine de Winghe dans les premières années du XVIlème siècle, se trouvaient deux statues de marbre de sainte Hiltrude et saint Gontrad, plus grandes que nature. Un siècle plus tard, on s'aperçut que ces statues étaient trop grandes pour être belles et on les réduisit à deux bustes que l'on voit encore de chaque côté de l'autel dans le tableau qui représente le choeur de l'abbatiale. l'artiste, qui a beaucoup étudié l'antiquité, et qui a donné à Gontrad le costume d'un centurion, n'était pas un moine. C'est presque de la sculpture profane. Statues de bois : elles sont toutes d'un art populaire, mais sont singulièrement expressives.
La voûte en bardeaux, avec le calvaire qui la termine du côté du choeur. L'ensemble est du XVIème. Les noms de saints qui décorent les murs de la nef sont ceux dont les reliques étaient au monastère, et dont les chapelles marquaient les entrées du village : saint Etton, saint Lambert, sainte Hiltrude, saint Thomas de Cantorbury, saint Benoît, saint Dodon, le saint ermite de Moustiers-en-Fagne. La chaire, finement sculptée, est du XVIllème siècle. Dans le choeur, fauteuil avec son scabellum, bois tourné (XVIlème). Prie-Dieu, bois sculpté, début du XVlème. Autel de sainte Hiltrude, à gauche, où la sainte est représentée, tenant d'une main le testament par lequel elle lègue tous ses biens au monastère, de l'autre la lampe que les commentaires sacrés donnent aux vierges sages qui attendent dans la prière le Divin Epoux. Ses reliques sont conservées dans une châsse en bronze doré, ciselée au siècle dernier. Elle renferme un autre reliquaire qui fut mis en lieu sûr pendant la Révolution.
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